lundi 29 mars 2010

"Une course idéale !" selon Eric Mas de Météo Consult

À un mois du départ du Mini Pavois 2010, il est intéressant de se pencher sur les conditions météo possibles sur ce parcours de 800 milles. Rappelons qu’une première étape de 300 milles mènera les 60 concurrents attendus de La Rochelle (Charente-Maritime) à Gijon (Asturies), puis un parcours retour vers le port de départ de 500 milles avec une marque à virer encore à déterminer par la Direction de Course. Aussi, à quoi peut-on donc s’attendre côté météo ? Jeu de questions/réponses avec Eric Mas de Météo Consult, où l’on apprend que la tactique et la stratégie prendront des places déterminantes sur ce parcours varié.


À quoi peut-on s’attendre côté météo sur ce Mini Pavois 2010 ?
Eric Mas : « Le mois de Mai fait un grand pas en avant vers l'été pour ce qui est des situations météorologiques sur le golfe de Gascogne. On peut regretter la très faible occurrence de vent de NE qui permet de naviguer dans une situation stable et avec des hauteurs de vagues limitées par un fetch relativement réduit. Cette rareté vient du fait qu'il n'y a plus de grande réserve d'air froid qui constitue l'anticyclone souvent bloqué, en hiver, sur les pays du nord de l'Europe. On peut se féliciter du faible risque de vents forts. Les coups de vents de SW sont presque totalement exclus. Les dépressions très creuses se décalent maintenant vers le nord et évitent le plus souvent le golfe. Moins de SW donc, mais encore d'assez fréquents vents d'ouest. Ils dépassent force 6 que dans 5% des cas. Ces vents d'ouest donnent l'occasion de varier les plaisirs sur une course assez rapide avec du près -mais sans avoir à tirer trop de bords- sur la route entre La Rochelle et Gijon, et de longs bords de travers ou largue pour un retour sur La Rochelle avec détour par la Bretagne. Ces conditions représentent 40% des cas. Tous les autres secteurs de vents sont possibles, mais moins durablement installés. La tactique prendra alors le dessus pour utiliser les vents variables, souvent faibles. On peut même redouter les calmes dans 3% des cas quand l'axe de la dorsale issue de l'anticyclone des Açores s'installe le long de la route directe. »

Quels types de surprises peut-il y avoir à cette saison ?
Eric Mas : « Peu de mauvaises surprises à attendre. À surveiller tout de même les dépressions orageuses qui peuvent stagner quelques douzaines d'heures dans le sud du golfe. Elles n'établissent pas un vent soutenu, mais peuvent engendrer des rafales très violentes car les invasions d'air froid en altitude sont encore possibles en mai. Or c'est le gradient et le cisaillement entre l'air doux et humide des basses couches atmosphériques et les couches froides supérieures qui déclenchent les grains les plus forts. »


Virer un point en Bretagne Sud avant de revenir sur La Rochelle mettrait les concurrents face à d’autres difficultés, quelles seraient-elles ?
Eric Mas : « Du point de vue météorologique, il n'y a pas de danger à revenir vers les côtes de Bretagne en cette saison, mais il y a des situations plus tarabiscotées. Les effets côtiers compliquent l'écoulement du vent et on ne peut pas compter sur la construction de solides brises thermiques, la saison est encore un peu trop neutre du point de vue température. La navigation se complique aussi avec les courants de marée même si les coefficients seront faibles jusqu'au 10 mai. »

Peut-on parler d’un parcours complet car varié (large et côtier) ?
Eric Mas : « Les conditions du mois de mai permettent d'espérer, avec forte probabilité, que le parcours passant par une marque à virer en sud Bretagne soit réalisable. Et c'est alors une course idéale qui offre effectivement de la haute mer au large dans un golfe de Gascogne qui permet d'ouvrir très largement le jeu des choix de route avant d'arriver dans les pièges de la baie de Gijon. De même pour la remontée vers la Bretagne qui s'effectue sur une route très au large et qui donne l'occasion de faire de la stratégie de route sur 48 heures. Le retour vers La Rochelle en longeant les côtes de Bretagne et de Vendée oblige à une succession de multiples décisions tactiques pour intégrer, outre le marquage de la concurrence, toutes les contraintes et aides liées aux vents, aux vagues et aux courants dont on sait combien ils sont variables en bordure littorale. »